Éditeurs :
Autorité de Radioprotection Norvégienne (Dr. Inger-Margarethe Eikelmann)
Mutadis (M. Gilles Hériard Dubreuil)
Institut de Technologie de Tokyo (Dr. Takehiko Murayama)
Université de Fukushima (Pr. Hiroshi Suzuki, Pr. Kenji Nanba)
IGES Institute for Global Environmental Strategies (M. Hideyuki Mori)
Avant-propos
» Bien que quatre années et six mois se soient écoulés depuis le grand séisme et tsunami de l’Est du Japon et les accidents à la centrale nucléaire de Fukushima, les habitants de Namie éprouvent encore de grandes dif cultés dans leur vie quotidienne après l’évacuation obligatoire de l’ensemble des 21 000 habitants, qui a entraîné des déplacements loin de leur ville d’origine, à l’intérieur et au-delà de la Préfecture de Fukushima. Ils font face à des conditions de vie précaires dans des logements temporaires, sans réelle perspective d’avenir et sans un juste soutien ni indemnités pour reconstruire une vie ayant un sens.
Nous avons exigé que le gouvernement national et la Tokyo Electric Power Company (TEPCO) prennent les mesures nécessaires pour restaurer les conditions de vie des évacués, mais leur réponse a été extrêmement lente. La plupart des évacués rencontrent une forte anxiété et ressentent un grand stress pour leur avenir. Le nombre de décès supplémentaires liés à la catastrophe est de 370, y compris des personnes décédées dans la solitude.
Ces conditions représentent une violation des droits de l’homme fondamentaux. L’article 25 de la Constitution du Japon, qui est une des meilleures constitutions du monde, axée sur la paix, déclare que « chaque individu doit avoir le droit de bénéficier d’un minimum de niveau de vie matérielle et culturelle. Dans tous les domaines de la vie, l’État doit s’efforcer de promouvoir et enrichir le bien-être social, la sécurité et la santé publique ».
La constitution du Japon déclare également que « chacun se doit d’être respecté en tant qu’individu. Le droit à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur devrait, dans la mesure où il ne fait pas obstacle au bien-être public, être le souci suprême de la législation et autres affaires du gouvernement » (Article 13). Ceux qui souffrent à cause d’une catastrophe nucléaire ont été privés de leur droit à la poursuite du bonheur. Nous, administration publique de Namie, devons nous efforcer de rétablir ces droits humains fondamentaux. Dans le même temps, nous aimerions amener chacun à ré échir profondément à la question de savoir si les hommes doivent persévérer dans l’utilisation de l’énergie nucléaire qui est loin d’être peu onéreuse, étant donné le coût de la décontamination, de l’indemnisation et de la gestion des déchets radioactifs, ainsi que l’impact nocif sur l’environnement.
Je salue la publication de ce document qui présente les résultats de recherches européennes et japonaises sur nos problèmes profonds et complexes post-accidentels. Ce document est basé sur l’expérience des personnes qui souffrent de la catastrophe nucléaire et sont confrontés à la menace d’une contamination radioactive à long terme dans leur vie de tous les jours, expérience que nous, peuple japonais, partageons avec les populations touchées par la catastrophe de Tchernobyl. Il fait également le point sur l’expérience des personnes et des organisations qui soutiennent les efforts de ces populations pour reconstruire une vie viable, digne et ayant un sens.
Notre vision pour la restauration et la reconstruction de notre ville de Namie découle des idées fondamentales suivantes : « Bien que nos populations aient été déplacées de leur ville natale, ils demeurent des citoyens de Namie ». Le gouvernement municipal de Namie continuera à faire les plus grands efforts pour aider les citoyens à faire des choix adaptés pour la restauration et la reconstruction de leurs foyers, en parallèle de la reconstruction des infrastructures et du suivi des progrès du travail de décontamination (dont le gouvernement central est responsable), dans le but de retrouver un environnement approprié pour la vie humaine.
Nous respectons la liberté de choisir où habiter (par exemple revenir ou bien s’installer dans une autre région) comme étant un droit fondamental pour chaque citoyen. Par conséquent, les citoyens sont en droit de recevoir un soutien et une indemnisation juste et immédiate de la part du gouvernement national et de TEPCO, pour reconstruire leur vie aux niveaux individuel et communautaire. De plus, nous plani ons de rechercher des opportunités pour faire venir de nouveaux types d’industrie, comme par exemple de devenir un pôle d’industries d’énergies renouvelables a n de sécuriser l’emploi des citoyens. Nous demandons de l’aide à l’Union Européenne et aux autres communautés internationales sur ce point.
Nous faisons face à de nombreux dé s. Votre soutien continu est essentiel pour nous a n d’assumer nos responsabilités en tant que centre d’administration publique locale. »
Tamotsu Baba,
Maire de Namie
12 novembre 2015
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