Le projet de recherche européen PREPARE « Innovative integrative tools and platforms to be prepared for radiological emergencies and post-accident response in Europe » (Outils innovants et plateformes d’intégration pour se préparer aux urgences radiologiques et à la gestion post-accidentelle en Europe) a été initié en 2012 dans le cadre du programme de recherche de la Commission Européenne « Update of emergency management and rehabilitation strategies and expertise in Europe » (Mise à jour des stratégies de gestion de l’urgence et de réhabilitation en Europe). Il cherche à combler les lacunes identifiées lors des premières évaluations de la gestion de la catastrophe de Fukushima dans les processus de préparation à un accident nucléaire et à la gestion de ces conséquences sur le long terme.
Dans le cadre de ce vaste programme de recherche, l’objectif du Groupe de travail n°6 (GT6) coordonné par Mutadis est d’investiguer les conditions et les moyens d’une information pertinente, fiable et de confiance accessible au public au moment adéquat et selon ses besoins tout au long de l’évolution de la situation accidentelle et post-accidentelle. Le travail du GT6 se base principalement sur une analyse empirique de la dynamique d’information relative à l’expérience de Fukushima dans le contexte Japonais et Européen mais aussi relative à d’autres expériences disponibles en Europe. La notion d’information retenue dans le cadre de ce projet s’appuie sur la définition présentée à l’article 5.1 de la Convention d’Aarhus: « les éléments nécessaires à la compréhension (par les membres du public) de l’évolution de l’accident tout au long de sa gestion (et les risques potentiels associés) aussi bien que la capacité de la population et des communautés à prévenir ou réduire individuellement ou collectivement le mal provenant de la menace ». Dans nos sociétés démocratiques globalisées, la production et le partage d’informations sont devenus une part essentielle de la gestion des situations d’urgence. Elle est constituée d’échanges complexes, non-linéaires et interactifs d’informations et d’opinions regardant les menaces sur la santé et l’environnement et les actions possibles de protection impliquant les experts, les autorités et une multiplicité de parties prenantes du niveau local au niveau international.
Les travaux du GT6 de PREPARE analysent ainsi les enjeux de l’information et de la participation de la population autour de trois angles différents :
- Les interactions dynamiques et pluralistes entre experts s’occupant de l’incertitude et de la complexité, au niveau national et international dans un contexte accidentel et post-accidentel ;
- Le processus d’information et de participation des populations affectées par les conséquences de l’accident (après la phase d’urgence), en s’appuyant sur le retour d’expérience post-Fukushima au Japon et sur le retour d’expérience post-Tchernobyl en Norvège ;
- L’utilisation des médias de masse dans le cadre des situations d’urgences nucléaires afin d’en tirer des enseignements et des principes directeurs permettant d’améliorer la contribution des médias de masse à la qualité de l’information du public.
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Dans le cadre du Groupe de travail n°6 (GT6) du projet européen PREPARE, un séminaire de travail en anglais intitulé « Managing complexity in nuclear accidental situations – Information and participation of local populations building a response » a été organisé par NRPA et Mutadis à Tromsø en Norvège, les 10 et 11 Novembre 2014.
L’objectif de ce séminaire était d’évaluer les processus d’information et de participation de la population locale au niveau des individus et des communautés dans une situation post-accidentelle (après la phase d’urgence) à travers le partage d’expérience et la discussion autour de situations concrètes. Il a ainsi rassemblé une trentaine de participants de 7 pays (France, Allemagne, Irlande, Japon, Norvège, Slovénie et République slovaque), experts membres du projet PREPARE ainsi que des acteurs locaux venus témoigner et partager leurs expériences des situations post-accidentelles dans le Japon post-Fukushima ainsi que dans le contexte post-Tchernobyl en Norvège.
Le séminaire a consisté à comparer les expériences tirées de ces deux contextes devant faire face à la problématique de la contamination nucléaire de long terme afin d’en souligner les similitudes et les différences et de dégager des questionnements transversaux relatifs à la gouvernance à mettre en place dans une situation post-accidentelle. Les différentes études de cas ont été examinées sur la base du cadre théorique du GT6 qui a été présenté au début du séminaire. Ce cadre constitue une grille d’analyse visant à faire émerger des solutions pour améliorer les processus existants en matière d’information et de participation du public ; sur la base de séries d’hypothèses relatives aux acteurs locaux confrontés à la complexité, à l’impact des politiques publiques sur les ressources sociales pour faire face à cette complexité et au processus de transition conduisant à une reconstruction de conditions de vie satisfaisantes. Cinq questions clés ont ainsi été adressées aux participants afin d’analyser les situations post-accidentelles:
- Comment émergent les trajectoires de transition des individus et des communautés affectées?
- Quels sont les processus d’information des acteurs locaux?
- Comment les acteurs locaux peuvent aborder la complexité dans une situation post-accidentelle?
- Comment les acteurs locaux construisent-ils des objectifs et des projets communs pouvant permettre la reconstruction de conditions de vie satisfaisantes?
- Quel est l’impact des politiques publiques sur ces différentes questions au niveau local?